Le Massacre des Banu Qurayza

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Détail d'une peinture miniature : Le Prophète, Ali, et ses compagnons lors du massacre des prisonniers de la tribu Juive des Banu Qurayza, illustration d'un texte du XIXe siècle de Muhammad Rafi Bazil.

Selon les sources islamiques traditionnelles, en 627 après J.-C., à la suite de la Bataille de la Tranchée et de la trahison des Musulmans par la tribu juive des Banu Qurayza, les Musulmans, sous le commandement militaire direct du prophète Muhammad, ont assiégé le camp des Banu Qurayza. Après un siège d'environ 2 semaines, selon les sources, les Juifs des Banu Qurayza se sont rendus et ont confié leur sort à un intermédiaire de confiance des Musulmans de la tribu des 'Aws, Sa'd ibn Mu'adh. Cependant, Sa'd ibn Mu'adh, affirmant suivre la loi de la Torah elle-même, a conseillé à Muhammad de massacrer les hommes de la tribu et de vendre les femmes et les enfants comme esclaves. Muhammad a suivi ce conseil et, par conséquent, entre 400 et 900 prisonniers de la tribu, incluant des enfants montrant des signes de puberté, ont été abattus, beaucoup devant leur famille, et le reste de la tribu a été vendu en esclavage. L'événement est bien attesté dans la tradition historique islamique et a servi de base à de multiples décisions tout au long de l'histoire concernant le traitement des non-Musulmans capturés par les forces militaires Musulmanes.

Contexte

Selon ibn Ishaq, les raids agressifs constants et la propension à la guerre de Muhammad avaient poussé les Mecquois, en alliance avec les tribus juives que Muhammad avait expulsées de Yathrib et la tribu arabe du nord, les Ghatafan, à mettre fin à ce prédicateur et à son mouvement une fois pour toutes. Les trois tribus juives originelles de Médine, les Banu Nadir, les Banu Qaynuqa et les Banu Qurayza, avaient vu leur nombre diminuer à une seule car Muhammad avait expulsé les Banu Nadir et les Banu Qaynuqa de Médine pour des prétextes différents. Pendant ce temps, leurs biens, y compris leurs précieux palmiers, avaient été saisis par Muhammad et les Musulmans. Avec les Mecquois et les Ghatafan, les tribus juives exilées de Médine avaient formé une alliance et rassemblé une armée dont les effectifs sont donnés dans la Sira comme étant d'environ 10 000 hommes, dont plus de 600 cavaliers montés, contre très peu de cavalerie pour les Musulmans, et 7 000 hommes plus puissants que l'armée qui avait vaincu Muhammad et les Musulmans à Uhud. A cette époque, Muhammad ne pouvait compter que sur une force d'environ 3 000 hommes. Muhammad a reçu la nouvelle de leur avance et a commencé à prendre des dispositions. Un compagnon perse du Prophète nommé Salman, apparemment un vétéran des nombreuses guerres opposant les Sassanides face aux Romains, a conseillé que lorsqu'on était confronté à un grand nombre de cavaliers ennemis comme ceux que possédaient les Juifs confédérés et les Mecquois, une bonne stratégie était de creuser une tranchée défensive. Il a été décidé de poursuivre cette stratégie [1]. Les Banu Qurayza n’ont pas fourni d'hommes pour aider, mais ont donné des outils de retranchement et la stratégie des Musulmans a reposé sur les Banu Qurayza, dont le fort se trouvait à l'arrière des défenses Musulmanes, ne rompant pas leur alliance avec Muhammad et ne se joignant pas aux confédérés. La stratégie de la tranchée a fonctionné pour remporter la bataille contre les Mecquois et leurs alliés, et les confédérés ont été repoussés sans beaucoup de pertes pour les Musulmans, mais cela n’a pas mis fin aux combats.

Le récit selon la Sira

La série d'événements menant à la destruction des Banu Qurayza a commencé lors de la Bataille de la Tranchée. Incapables de briser les défenses des Musulmans Médinois, les Mecquois ont envoyé un émissaire de leurs alliés juifs, "l'ennemi d'Allah, Huyayy ibn Akhtab An-Nadri" [2], aux Banu Qurayza dans le but de solliciter leur aide et de mettre fin à l'impasse en attaquant Muhammad et les Musulmans à l'arrière de leurs défenses. Selon Ibn Ishaq, initialement, le chef des Banu Qurayza, Ka'b ibn Asad al-Qurayzi, n’a même pas permis à Huyayy ibn Akhtab d'entrer dans le camp, mais a été incité à le faire suite à l'accusation de Huyayy selon laquelle ibn Ka'b ne voulait pas partager sa nourriture. Ibn Ishaq ne précise pas comment il sait cela, mais il affirme que la négociation a échoué en raison de l'insistance des Qurayza pour que les Mecquois offrent des otages afin de garantir qu'ils ne quitteraient pas le champ de bataille tant que Muhammad ne serait pas vaincu (bien qu'ils ont effectivement quitté le champ sans avoir vaincu Muhammad). Selon Ibn Ishaq, les Banu Qurayza, après de nombreux "plaidoyers", ont seulement accepté de ne pas aider les Musulmans ni d’entraver ou de combattre les confédérés. Ibn Ishaq présente comme preuve de la perfidie des Banu Qurayza une chaîne d'Isnad de Yahya ibn ‘Abbaad ibn ‘Abdullah ibn Az-Zubayr avec une histoire selon laquelle une femme musulmane, Safiyah bint ‘AbdulMuttalib, qui a vu un éclaireur juif des Banu Qurayza reconnaître une fortification musulmane se préparer à une attaque. Elle en a informé le commandant du fort, Hassan, et lui a demandé de tuer l'éclaireur, et lorsqu'il a refusé, elle a pris un gourdin et est allé battre l'homme à mort[3]. En dehors de cela, Ibn Ishaq ne présente aucune preuve que les Juifs des Banu Qurayza étaient de mèche avec les confédérés. Cependant, il relate qu'Allah a "semé la discorde" entre les confédérés et les Banu Qurayza, ce qui a conduit les Mecquois à battre en retraite sans avoir vaincu Muhammad ou a mené une attaque coordonnée contre les Musulmans avec les Banu Qurayza.[4]

La Bataille de la Tranchée étant remportée, Muhammad et ses hommes ont déposé leurs armes et outils de retranchement pour rentrer chez eux. Cependant, selon la Sira, Allah avait d'autres plans. L'ange Jibril est apparu à Muhammad juste après qu'il ait déposé son arme et l’a informé que la bataille n'était pas encore terminée car il fallait s’occuper du cas des Juifs des Banu Qurayza en raison de leur trahison mentionnée ci-dessus. Muhammad a informé ses hommes qu'ils ne devaient pas faire la prière de Asr avant d'atteindre le camp des Banu Qurayza, ce qui signifiait qu'il voulait qu'ils s'y rendent rapidement. Les Musulmans ont assiégé le camp pendant des périodes de durées différentes selon la source (Ibn Ishaq affirme 25 jours avant que "Allah ne jette la terreur dans leurs cœurs"). Les Banu Qurayza ont reçu l’ordre de se rendre et d'accepter l'Islam, ce qu'ils ont juré de ne jamais faire. Désespérés de leur situation, selon Ibn Ishaq, ils ont discuté de trois options : accepter l'Islam, tuer leurs femmes et leurs enfants et se lancer dans une attaque de style banzaï contre les forces musulmanes numériquement supérieures (peut-être que les commentateurs modernes l’ont ajoutée en émulation de leurs prédécesseurs religieux à Massada en Palestine), ou s’engager dans une attaque sournoise le jour du sabbat Juif. Les Juifs des Banu Qurayza ont trouvé inacceptables les options proposées.

Incapables de prendre une décision et assiégés pendant des semaines, les Banu Qurayza ont demandé à parler à Abu Lubaba, un homme de la tribu des 'Aws, leurs alliés. Abu Lubaba, interrogé sur ce que les Banu Qurayza devaient faire, leur a conseillé de se rendre au Prophète, mais en même temps il a levé la main vers son cou, indiquant qu'ils seraient massacrés [5]. Après son départ, il a estimé que son action de révéler aux Banu Qurayza leur destin était une trahison envers le Prophète, et il s’est attaché à un pilier pour demander le pardon d'Allah, un acte que Muhammad a approuvé. Malgré cet avertissement, les Banu Qurayza se sont rendus aux Musulmans le jour suivant [6].

La tribu des 'Aws, alliée des Banu Qurayza au temps de la jahiliyyah, a demandé miséricorde pour eux auprès du Prophète. Le Prophète, ne voulant pas causer de dissension dans ses rangs (les serments et les alliances de loyauté étaient très importants dans la société tribale arabe, car en l'absence de tribunaux et de gouvernements établis, la seule garantie de sécurité et de justice qui pouvait être obtenue était la promesse de protection des alliés en cas de meurtre, de querelles familiales ou de guerre), a confié le sort des Banu Qurayza à un ancien cheikh de confiance des 'Aws, Sa‘d ibn Mu‘adh, qui avait été mortellement blessé pendant la bataille et est mort peu de temps après le massacre des Banu Qurayza. Une fois que Sa'd ibn Mu'adh s’est assuré que les Banu Qurayza et le Prophète respecteraient son jugement, quel qu'il soit, il l’a donné sans hésitation : les hommes des Banu Qurayza devaient être exécutés jusqu'au dernier, tandis que les femmes et les enfants devaient être vendus comme esclaves. Sa'd ibn Mu‘adh a justifié cette décision en déclarant qu’elle provenait de la Torah des Juifs. Ibn Ishaq ne cite pas le verset et le chapitre de la Bible, mais cela est généralement pris comme une référence au livre du Deutéronome 20:12-14.

וְאִם  לֹ֤א  תַשְׁלִים֙ עִמָּ֔ךְ  וְעָשְׂתָ֥ה  עִמְּךָ֖ מִלְחָמָ֑ה  וְצַרְתָּ֖  עָלֶֽיהָ וּנְתָנָ֛הּ  יְהוָ֥ה אֱלֹהֶ֖יךָ  בְּיָדֶ֑ךָ  וְהִכִּיתָ֥ אֶת  כָּל  זְכוּרָ֖הּ לְפִי  חָֽרֶב  רַ֣ק  הַ֠נָּשִׁים  וְהַטַּ֨ף וְהַבְּהֵמָ֜ה  וְכֹל֩  אֲשֶׁ֨ר יִהְיֶ֥ה  בָעִ֛יר  כָּל־  שְׁלָלָ֖הּ  תָּבֹ֣ז לָ֑ךְ  וְאָֽכַלְתָּ֙  אֶת  שְׁלַ֣ל  אֹיְבֶ֔יךָ אֲשֶׁ֥ר  נָתַ֛ן  יְהוָ֥ה אֱלֹהֶ֖יךָ  לָֽךְ
Si elle n'accepte pas la paix avec toi et qu'elle veuille te faire la guerre, alors tu l'assiégeras. Et après que l'Éternel, ton Dieu, l'aura livrée entre tes mains, tu en feras passer tous les mâles au fil de l'épée. Mais tu prendras pour toi les femmes, les enfants, le bétail, tout ce qui sera dans la ville, tout son butin, et tu mangeras les dépouilles de tes ennemis que l'Éternel, ton Dieu, t'aura livrés.
Deutéronome 20:12-14

Bien que les Musulmans modernes citent ce verset pour justifier le verdict de Mu'adh, il convient de noter que ni la tradition Juive ni la tradition Chrétienne ne comprennent ce verset comme une règle générale pour la guerre, mais plutôt comme un commandement spécifique aux Juifs sous le commandement de Josué qui combattaient les peuples païens de la Terre Sainte. Il n'a généralement pas été utilisé par l'une ou l'autre religion pour justifier le genre de massacre qui a eu lieu à Médine dans d'autres contextes historiques.

Les prisonniers ainsi condamnés ont été gardés dans la maison ou le campement d'une femme musulmane d’Al-Harith de la tribu des Banu Najjar. Le matin, ils ont été conduits vers une tranchée qui avait été creusée dans le marché de la ville, et exécutés par décapitation [7] . Selon la Sira d'Ibn Ishaq, une femme était parmi eux. Les autres femmes et les enfants ont été donnés comme esclaves sexuels et de travail aux Musulmans, seuls les garçons qui n'avaient pas encore atteint la puberté ont été autorisés à vivre. Selon la Sira, le butin en armes et en pillages était substantiel, mais Muhammad a quand même envoyé des femmes et des enfants pour être vendus au Najd afin d’obtenir plus de chevaux et d'armes [8]. Comme c'était la coutume, Muhammad a reçu sa part du butin, y compris sa part des femmes, notamment une belle Juive nommée Rayhana dont le mari avait été décapité. Le reste a été distribué à tous les autres Musulmans, un Musulman à cheval recevant trois fois le butin d'un fantassin [9].

Les récits selon le tafsir

Le célèbre mufassir ibn Kathir, s'appuyant sur ses propres sources ainsi que sur de nombreux autres commentateurs classiques, dans son commentaire sur la sourate 33 Al-Ahzab "Les Coalisés", réaffirme bon nombre de détails pertinents du récit de la Sira. En particulier, ibn Kathir interprète la dénonciation des Gens du Livre dans le Coran comme des Juifs perfides de la tribu des Banu Qurayza qui ont trahit le prophète.

وَلِهَذَا قَالَ تَعَالَى: ﴿وَأَنزلَ الَّذِينَ ظَاهَرُوهُمْ﴾ أَيْ: عَاوَنُوا الْأَحْزَابَ وَسَاعَدُوهُمْ عَلَى حَرْبِ رَسُولِ اللَّهِ ﷺ ﴿مِنْ أَهْلِ الْكِتَابِ﴾ يَعْنِي: بَنِي قُرَيْظَةَ مِنَ الْيَهُودِ، مِنْ بَعْضِ أَسْبَاطِ بَنِي إِسْرَائِيلَ، كَانَ قَدْ نَزَلَ آبَاؤُهُمُ الْحِجَازَ قَدِيمًا، طَمَعًا فِي اتِّبَاعِ النَّبِيَّ الْأُمِّيَّ الذِي يَجِدُونَهُ مَكْتُوبًا عِنْدَهُمْ فِي التَّوْرَاةِ وَالْإِنْجِيلِ، ﴿فَلَمَّا جَاءَهُمْ مَا عَرَفُوا كَفَرُوا بِه﴾ [الْبَقَرَةِ: ٨٩] ، فَعَلَيْهِمْ لَعْنَةُ اللَّهِ. Et c'est ainsi que le Très-Haut a dit : "Ceux qui les avaient soutenus (les confédérés) sont descendus", c'est-à-dire qu’ils ont soutenu les coalisés et les ont aidés dans la guerre contre le Messager d'Allah (que la prière d’Allah et Sa paix soient sur lui). "De la part des Gens du Livre", c’est-à-dire des Juifs de la tribu des Banu Qurayza, descendants des Enfants d'Israël, dont les ancêtres étaient autrefois venus dans la région du Hijaz, aspirant à suivre le Prophète illettré qu'ils trouvaient mentionné dans la Torah et l'Evangile. Mais quand il est venu à eux, ils ne l’ont pas reconnu et l’ont rejeté, [Al-Baqara: 89], la malédiction d'Allah a donc été sur eux.
Tafsir d'ibn Kathir de la sourate 33 du Coran

Il fait référence ici à la sourate 33 :

Et Il a fait descendre de leurs forteresses ceux des gens du Livre qui les avaient soutenus [les coalisés], et Il a jeté l'effroi dans leurs cœurs; un groupe d'entre eux vous tuiez, et un groupe vous faisiez prisonniers. Et Il vous a fait hériter leur terre, leurs demeures, leurs biens, et aussi une terre que vous n'aviez point foulée. Et Allah est Omnipotent.

Ibn Kathir confirme que ce sont les anges eux-mêmes qui ont imploré Muhammad de ne pas cesser de combattre :

وَرَجَعَ رَسُولُ اللَّهِ ﷺ إِلَى الْمَدِينَةِ مُؤَيَّدًا مَنْصُورًا، وَوَضَعَ النَّاسُ السِّلَاحَ. فَبَيْنَمَا رَسُولُ اللَّهِ ﷺ يَغْتَسِلُ(٤) مِنْ وَعْثَاءِ تِلْكَ الْمُرَابَطَةِ فِي بَيْتِ أُمِّ سَلَمَةَ

إِذْ تَبَدَّى لَهُ جِبْرِيلُ مُعْتَجِرًا بِعِمَامَةٍ مِنْ إِسْتَبْرَقٍ، عَلَى بَغْلَةٍ عَلَيْهَا قَطِيفَةٌ [مِنْ](٥) دِيبَاجٍ، فَقَالَ: أوضَعت السِّلَاحَ يَا رَسُولَ اللَّهِ؟ قَالَ: "نَعَمْ". قَالَ: لَكِنَّ الْمَلَائِكَةَ لَمْ تَضَعْ أَسْلِحَتَهَا، وَهَذَا الْآنَ رُجُوعِي مِنْ طَلَبِ الْقَوْمِ. ثُمَّ قَالَ: إِنَّ اللَّهَ يَأْمُرُكَ أَنْ تَنْهَضَ إِلَى بَنِي قُرَيْظَةَ. وَفِي رِوَايَةٍ فَقَالَ لَهُ: عذيرَك مِنْ مُقَاتِلٍ، أَوَضَعْتُمُ السِّلَاحَ؟ قَالَ: "نَعَمْ". قَالَ: لَكِنَّا لَمْ نَضَعْ أَسْلِحَتَنَا بَعْدُ، انْهَضْ إِلَى هَؤُلَاءِ. قَالَ: "أَيْنَ؟ ". قَالَ: بَنِي قُرَيْظَةَ، فَإِنَّ اللَّهَ أَمَرَنِي أَنْ أُزَلْزِلَ عَلَيْهِمْ. فَنَهَضَ رَسُولُ اللَّهِ ﷺ مِنْ فَوْرِهِ، وَأَمَرَ النَّاسَ بِالْمَسِيرِ إِلَى بَنِي قُرَيْظَةَ، وَكَانَتْ عَلَى أَمْيَالٍ مِنَ الْمَدِينَةِ، وَذَلِكَ بَعْدَ صَلَاةِ الظُّهْرِ، وَقَالَ: "لَا يُصَلِّيَنَّ أَحَدٌ مِنْكُمُ الْعَصْرَ إِلَّا فِي بَنِي قُرَيْظَةَ".


Le Messager d'Allah (ﷺ) est retourné triomphant à Médine et les gens ont déposés leurs armes. Pendant que le Messager d'Allah (ﷺ) se nettoyait de la poussière de la bataille dans la maison d'Oumm Salama, Gabriel s’est manifesté à lui, vêtu d'un turban en soie de couleur blanche et monté sur une mule avec une selle recouverte d’un tissu de velours. Il a dit : "As-tu déposé tes armes, ô Messager d'Allah ?" Il a répondu : "Oui". Gabriel a dit alors : "Mais les anges n'ont pas encore déposé leurs armes, et je reviens à l’instant de la poursuite contre cette tribu." Puis il a ajouté : "Allah te commande de te lever et de marcher vers les Banu Qurayza." Dans une autre version, il lui a dit : "Quel combattant es-tu ! As-tu déposé les armes ?" Il a répondu : "Oui". Gabriel a dit alors : "Mais nous n'avons pas encore déposé nos armes. Lève-toi et dirige-toi vers eux." Le Prophète (ﷺ) a demandé : "Où ?" Gabriel a répondu : "Vers les Banu Qurayza, car Allah m'a ordonné de les ébranler." Le Messager d'Allah (ﷺ) s’est immédiatement levé, a ordonné aux gens de marcher vers les Banu Qurayza, situés à quelques miles de Médine, après la prière d’az-Zuhr, et a dit : "Que personne d'entre vous ne fasse la prière de Asr sauf chez les Banu Qurayza."
Tafisr d'ibn Kathir sur la sourate 33 du Coran

Ainsi, selon ibn Kathir, le destin des Banu Qurayza était le résultat de leurs propres actions, un destin approuvé et commandé par le ciel lui-même. Selon ibn Kathir, leur destin était exactement ce qu'ibn Ishaq avait décrit :

فَقَالَ: إِنِّي أَحْكُمُ أَنْ تُقْتَلَ مُقَاتلتهم، وتُسبْى ذُرِّيَّتُهُمْ وَأَمْوَالُهُمْ. فَقَالَ لَهُ رَسُولُ اللَّهِ ﷺ: "لَقَدْ حَكَمْتَ بِحُكْمِ اللَّهِ مِنْ فَوْقِ سَبْعَةِ أَرْقِعَةٍ"(٨) . وَفِي رِوَايَةٍ: "لَقَدْ حكمتَ بِحُكْمِ المَلك". ثُمَّ أَمْرَ رَسُولِ اللَّهِ ﷺ بِالْأَخَادِيدِ فَخُدّت فِي الْأَرْضِ، وَجِيءَ بِهِمْ مُكْتَفِينَ، فَضَرَبَ أَعْنَاقَهُمْ، وَكَانُوا مَا بَيْنَ السَّبْعِمِائَةِ إِلَى الثَّمَانِمِائَةِ، وَسَبَى مَنْ لَمْ يُنبت مِنْهُمْ مَعَ النِّسَاءِ وَأَمْوَالِهِمْ(٩)


Alors il (Sa’d) a dit : "Mon jugement est que les hommes en âge de combattre soient tués, et que leurs familles et leurs biens soient pris comme butin." Le Prophète (ﷺ) a dit : "Tu as prononcé le jugement d'Allah au-dessus des sept cieux." Dans un autre récit : "Tu as jugé avec le jugement du Roi (Allah)." Ensuite, le Messager d'Allah a ordonné que des fossés soient creusés, ils ont donc été creusés dans la terre, et ils ont été amenés, mains liées, et ont été décapités. Il y en avait entre sept cents et huit cents. Les enfants qui n'avaient pas encore atteint la puberté et les femmes ont été faits prisonniers, et leurs biens saisis.
Tafsir d'ibn Kathir de la sourate 33 du Coran

Les récits selon les hadiths

Les hadiths de Bukhari témoignent des incidents décrits par Ishaq. Bukhari confirme que ce sont les anges qui ont décrété que la guerre soit menée contre les Banu Qurayza.

Rapporté par Aicha : Quand le Messager d’Allah (ﷺ) est revenu le jour (de la bataille) d’Al-Khandaq (c.-à-d. la Tranchée), il déposa ses armes et prit un bain. Alors Gabriel, dont la tête était couverte de poussière, est venu à lui en disant : "Tu as déposé tes armes ! Par Allah, je n’ai pas encore déposé mes armes." Le Messager d’Allah (ﷺ) a dit : "Où (aller maintenant) ?" Gabriel a dit : "Par-là," en pointant vers la tribu des Banu Qurayza. Alors le Messager d’Allah (ﷺ) est parti vers eux.

De même, il confirme que c'est Sa'd qui les a condamnés à leur destin.

Rapporté par Abu Saʿid al-Khudri : "Certaines personnes (c.-à-d. les Juifs des Banu Qurayza) ont décidé d’accepter le verdict de Sa'd ibn Mu'adh alors le Prophète fit qu’on aille le chercher (ﷺ) (c.-à-d. Sa'd ibn Mu'adh). Il est venu monté sur un âne, et quand il s’est approché de la mosquée, le Prophète (ﷺ) a dit : Levez-vous pour le meilleur parmi vous, ou a dit, levez-vous pour votre chef. Puis le Prophète (ﷺ) a dit : "Ô Sa’d ! Ces gens ont accepté de recevoir ton verdict. Sa’d a dit : Je juge que leurs guerriers doivent être tués et que leurs enfants et leurs femmes doivent être pris comme captifs. Le Prophète a dit : Tu as rendu un jugement similaire au Jugement d’Allah (ou le jugement du Roi)."

D'ailleurs, Bukhari mentionne que même si ibn Sa'd a été appelé à rendre un jugement équitable aux Banu Qurayza en tant qu'ancien allié, en réalité, il est décédé des suites de blessures subies lors de la Bataille du Fossé, souhaitant la mort aux infidèles.

Aicha a rapporté : "Sa’d a été blessé le jour de la Tranchée par un homme de la tribu des Quraysh, nommé Hibban ibn al-Arqah qui l'a frappé avec une flèche. Le Prophète (ﷺ) a dressé une tente pour Sa’d dans la Mosquée pour qu'il puisse être à proximité du Prophète (ﷺ) pour des visites. Lorsque le Prophète (ﷺ) est revenu de la Bataille de la Tranchée et a déposé ses armes et s'est lavé, Gabriel est venu à lui en secouant la poussière de sa tête et a dit : « As-tu déposé tes armes ? » Le Prophète (ﷺ) a répondu : « Par Allah, je ne les ai pas déposées. Sors vers eux (pour les attaquer). » Le Prophète (ﷺ) a demandé : « Où ? » Gabriel a pointé vers les Banu Qurayza. Ainsi, le Messager d'Allah (ﷺ) est allé vers eux (c’-à-d assiéger les Banu Qurayza). Ils se sont ensuite rendus au jugement du Prophète (ﷺ), mais il les a dirigés vers Sa’d pour donner son verdict à leur sujet. Sa’d a dit : « Je juge que leurs guerriers soient tués, leurs femmes et leurs enfants pris comme captifs, et leurs biens distribués. » Hisham a rapporté : « Mon père m'a informé qu'Aicha a dit que Sad a dit : ‘’Ô Allah ! Tu sais qu'il n'y a rien de plus cher pour moi que de combattre dans Ta cause contre ceux qui ont mécrus en Ton Prophète et l'ont expulsé de La Mecque. Ô Allah ! Je pense que Tu as mis fin au combat entre nous et eux (c'est-à-dire, les infidèles Quraysh). Et s'il reste encore un combat avec les Quraysh (infidèles), alors garde-moi en vie jusqu'à ce que je les combatte pour Ton intérêt. Mais si Tu as mis fin à la guerre, alors laisse cette blessure éclater et causer ma mort.’’ Ainsi, le sang a jailli de la blessure. Il y avait une tente dans la Mosquée appartenant aux Banu Ghifar qui ont été surpris par le sang qui coulait vers eux. Ils ont dit : « Ô gens de la tente ! Qu'est-ce que cette chose qui vient de votre côté ? » Voilà que le sang coulait abondamment de la blessure de Sa’d. Sa’d est alors mort à cause de cela."

Bukhari mentionne également le sort des Banu Qurayza, exécuté conformément au jugement de Sa’d.

Rapporté par ibn Omar : Les Banu Nadir et les Banu Qurayza se sont battus (contre le Prophète (ﷺ) violant leur traité de paix), alors le Prophète a exilé les Banu Nadir et a permis aux Banu Qurayza de rester chez eux (à Médine) en ne leur prenant rien jusqu’à ce qu’ils se battent à nouveau contre le Prophète (ﷺ). Il a ensuite tué leurs hommes et distribué leurs femmes, enfants et biens parmi les musulmans, mais certains d’entre eux sont venus voir le Prophète (ﷺ) qui leur a accordé la sécurité, et ils ont embrassé l’Islam. Il a exilé tous les Juifs de Médine. Il s’agissait des Juifs des Banu Qaynuqa, la tribu d’Abdullah ibn Salam, les Juifs des Banu Haritha et tous les autres Juifs de Médine.


Il a été rapporté sur l’autorité d’ibn Omar que les Juifs des Banu Nadir et des Banu Qurayza ont combattu contre le Messager d’Allah (ﷺ) qui a expulsé les Banu Nadir, et a permis aux Qurayza de rester en leur accordant la faveur jusqu’à ce qu’ils aient eux aussi combattu contre lui. Puis, il a tué leurs hommes, et a distribué leurs femmes, leurs enfants et leurs biens parmi les musulmans, sauf que certains d’entre eux, en rejoignant le Messager d’Allah (ﷺ) et en embrassant l’Islam, ont été épargnés. Le Messager d'Allah (ﷺ) a chassé tous les Juifs de Médine, y compris les Banu Qaynuqa, qui étaient les partisans d'Abdullah ibn Salam, les Juifs des Banu Haritha, ainsi que tous les Juifs de Médine.

Le Sunan d’Abu Dawud nous raconte exactement comment il était déterminé si un jeune homme serait épargné, en fonction de s'il avait atteint ou non la puberté :

Rapporté par Atiyyah al-Qurazi : "J’étais parmi les captifs des Banu Qurayza. Ils (les compagnons) nous ont examinés, et ceux qui avaient commencé à avoir des poils (pubis) ont été tués, et ceux qui n’en avaient pas non pas été tués. J’étais parmi ceux qui n’avaient pas de poils pubiens."

Perspectives et visions contemporaines

Dans l'extrait ci-dessus, le savant musulman Yasir Qadhi, très respecté pour ses diplômes de l'université islamique de Médine ainsi que de Yale, avance l'argument selon lequel Muhammad avait fait face à une trahison et qu'il avait pris les mesures punitives maximales contre celle-ci. Qadhi soutient que le prophète était justifié à chaque étape et a montré autant de retenue que nécessaire, étant motivé purement par des préoccupations en matière d'art de gouverner et de pragmatisme, et non par la malice. Comme il le dit, il est possible d'accuser le prophète d'être "dur" mais pas d'agir avec malveillance envers les Banu Qurayza ou les Juifs en général, car cela ne serait pas "académiquement valide". Ibn Ishaq avance le même point :

Alors Abu Sufyan dit : "Ô Quraysh, nous ne sommes pas dans un campement permanent ; les chevaux et les chameaux meurent ; les Banu Qurayza ont rompu leur parole envers nous et nous avons entendu des rapports troublants à leur sujet. Vous pouvez voir la violence du vent qui ne nous laisse ni marmites, ni feu, ni tentes sur lesquelles compter. Partons, car je m'en vais."
Ibn Ishaq: 683

Yasir Qadhi affirme que la punition était "dure" mais qu'il est parfois nécessaire d'être dur. Le chercheur de l'Institut Yaqeen, Abu Amina Elias (Justin Parrott), fait remarquer que tuer les prisonniers combattants mâles des Banu Qurayza était un "acte de légitime défense" de la part de la communauté musulmane et cite Deutéronome 20:12-14 pour justifier les actions des musulmans, en accord avec ibn Ishaq qui affirme que Sa'd jugeait les Juifs selon leur propre loi. Il affirme également que le prophète n'a envoyé ses hommes armés que pour "se défendre" et que les femmes et les enfants des Banu Qurayza ont été emmenés "en captivité" pour leur protection puisque tous leurs hommes avaient été massacrés [10]. Karen Armstrong, dans son livre A Short History of Islam, affirme également : "La lutte n'indiquait aucune hostilité envers les Juifs en général, mais seulement envers les trois tribus rebelles. Le Coran a continué de vénérer les prophètes juifs et a exhorté les musulmans à respecter les Gens du Livre."[11] Ces arguments font écho aux arguments originaux trouvés dans le matériel ci-dessus. Ibn Ishaq affirme que les Juifs des Banu Qurayza représentaient une menace pour les musulmans par leur trahison et dépeint Muhammad comme hésitant à décider de leur sort. Ibn Ishaq relate même à quel point la punition était "dure" :

L'Apôtre l’envoya (Abu Lubaba) vers eux (Banu Qurayza), et quand ils l’ont vu, ils se sont levés pour le rencontrer. Les femmes et les enfants sont venus vers lui en pleurant sur son visage, et il en était désolé. Ils ont dit : "Ô Abu Lubaba, penses-tu que nous devrions nous soumettre au jugement de Muhammad ?" Il a répondu 'oui' et a pointé sa main vers sa gorge, signifiant un massacre.
Ibn Ishaq; Ibn Hisham; al-Tabari, A. Guillaume, ed, Sirat Rasul Allah [The Life of Muhammad], Karachi: Oxford UP, p. 462 (paragraphe: 686), ISBN 0196360331, 1955, https://archive.org/details/GuillaumeATheLifeOfMuhammad/page/n381/mode/2up 

Cependant, les critiques de ces points de vue pro-islamiques ont souligné que le verset cité par les musulmans modernes du Deutéronome pour justifier l'extermination des Banu Qurayza n'est pas interprété ainsi dans les études traditionnelles chrétiennes ou surtout juives. Selon la doctrine juive, ces versets ont été révélés avant que les Israélites n'entrent dans la Terre Sainte, leur donnant des instructions spécifiques sur la manière de traiter les habitants qui y vivaient [12]. De plus, l'affirmation selon laquelle il n'y avait aucune animosité apparente envers les Juifs des Banu Qurayza de la part de Muhammad est contredite par le récit d'ibn Ishaq :

"Lorsque l'Apôtre s’est approché de leurs forts, il (Muhammad) a dit : "Vous, frères de singes..., est-ce que Dieu vous a déshonorés et vous a apporté sa vengeance ?"

Les Banu Qurayza ont répondu : "Ô Abu-l Qasim (Muhammad), tu n'es pas un barbare."


Ibn Ishaq: 684

En se moquant d'eux en tant que singes, Muhammad fait écho ici au Coran, qui affirme que (certains) Juifs ont été transformés en singes pour avoir violé le sabbat (Coran 50:60). L'érudit juif anti-jihad Andrew Bostrom souligne que Muhammad a pris l'une des plus belles femmes juives de Banu Qurayza, Rayhana, comme épouse et que les musulmans ont largement bénéficié de la destruction de cette tribu, donc la légitime défense n'était clairement pas la seule préoccupation. [13]. L’opinion d'Abu Amina Elias selon laquelle les musulmans ont pris des femmes et des enfants comme Rayhana en captivité simplement pour leur protection ne peut pas non plus être vraie, car ibn Ishaq relate que certains d'entre eux ont été emmenés dans la lointaine région du Najd pour être vendus contre des armes et des chevaux. Yasir Qadhi lui-même souligne que les Banu Qurayza se sont vu offrir la liberté de vivre s'ils acceptaient l'islam, et selon la Sira, seul leur cœur endurci et obstiné qui rejetait Muhammad malgré le fait de savoir qu'il était un prophète du Seigneur les empêchait de se sauver en se convertissant à l'islam. Ainsi, clairement, du moins aux yeux de la Sira, leur religion juive avait en fait quelque chose à voir avec la dureté avec laquelle Muhammad les a traités, contredisant ainsi l’opinion de Qadhi selon laquelle le prophète a agi sans malveillance ni animosité religieuse selon les sources dont nous disposons. Bukhari mentionne également que le prophète a ordonné à ses hommes d'insulter les Banu Qurayza avec de la poésie, ce qui était à l'époque arabe ancienne l'un des principaux moyens de promouvoir l'animosité envers un ennemi (Muhammad a ordonné que les poètes qui lui faisaient cela soient tués) :

Al-Bara' ibn 'Azib a rapporté, d’après une autre chaîne de narrateurs, que le Messager d'Allah (ﷺ) a dit à Hassaan ibn Thabit le jour de Qurayza (lors du siège) : "Harangue-les (avec tes poèmes), car Jibril est avec toi."

Problèmes avec le récit traditionnel

Le récit des Banu Qurayza fait partie intégrante de la loi islamique acceptée, et plusieurs juristes islamiques l'ont cité, notamment lorsqu'ils ont statué que certaines populations juives et d'autres non-croyantes devaient être massacrées. En tant que tel, il n'y a pas de question parmi les musulmans orthodoxes quant à sa véracité [14]. Cependant, l'historiographie de ce sujet n'est pas sans poser de problèmes.

Dans la tradition islamique, ibn Ishaq a souvent été critiqué pour accorder trop de poids aux récits juifs et pour être généralement partial dans ses récits de certains événements. Malik ibn Anas accuse ibn Ishaq d'être un "menteur" pour avoir écouté des "récits juifs" [15].

Les recherches modernes ont jeté de sérieux doutes sur le travail des érudits islamiques du VIIIe siècle (deuxième siècle de l'islam) tels que ibn Ishaq. Comme le souligne Fred Donner, l'un des premiers documents que nous avons de ce mouvement proto-islamique naissant est la Constitution de Médine (صحيفة مدينة), également connue sous le nom de Document de la Oumma (صحيفة الأمة). Ce document remarquable, préservé par l'historien islamique al-Tabari, établit un pacte pour les "croyants" de Médine, une "oumma" ou communauté nationale qui inclut les Juifs en tant que "croyants" au même niveau que les croyants arabes. Fred Donner croit que ce document pointe en fait vers une histoire ancienne et occultée de l'islam dans laquelle les monothéistes arabes se sont joints aux Juifs pour former une "oumma" sous le commandement de Muhammad. Ce qui pose problème pour le récit historique, c'est que ce document mentionne de nombreuses tribus juives différentes, mais les trois principales tribus de la Sira, les Banu Qurayza, les Banu Qaynuqa et les Banu Nadir, sont curieusement absentes. C'est en fait l'absence de ces tribus qui convainc les chercheurs que le document doit être très ancien, bien qu'il ne soit conservé que dans les travaux du IXe siècle de Tabari, car un document plus récent aurait probablement été modifié pour correspondre au récit historique établi. Donner mentionne que de nombreuses mosquées du début du VIIe siècle n'incluent pas de qibla tournée vers La Mecque, et conclut que cette histoire du massacre des Banu Qurayza pourrait avoir été inventée ou embellie pour expliquer une rupture beaucoup plus tardive entre les communautés juive et musulmane [16].

Patricia Crone et Michael Cook, dans leur travail novateur intitulé Hagarism, font également état d’un historien arménien du VIIe siècle connu sous le nom de Pseudo Sébéos. Cet historien attribue les invasions arabes à une confédération de Juifs et d'Arabes dirigée par Muhammad lui-même, ce qui contredit le récit islamique selon lequel Muhammad est décédé avant l'invasion de la Palestine et du Moyen-Orient. De même, Pseudo Sébéos attribue aux Arabes et aux Juifs un monothéisme partagé et une fraternité par leur ascendance à Abraham et à sa femme Agar [17]. Si l’on en croit ce récit, il ne pourrait pas y avoir eu de grand massacre des Juifs par Muhammad, car il travaillait avec eux lorsqu'il a envahi la Palestine. Stephen Shoemaker, dans son ouvrage The Death of a Prophet, ajoute d'autres éléments de preuve à la thèse de Crone et Cook, rassemblant des preuves issues d'une grande variété de sources, presque toutes antérieures aux premières sources islamiques, selon lesquelles Muhammad lui-même était en fait le chef des croyants lorsqu'ils ont envahi la Palestine, et qu'il est décédé seulement après sa conquête. En particulier, il attire l'attention sur une apocalypse juive du VIIe siècle, les Secrets du Rabbi ben Shim'on, qui semble dépeindre Muhammad comme le libérateur des Juifs de l'oppression des Romains en Terre Sainte. Si l’on en croit cela, et que cette source est antérieure à toutes les sources islamiques que nous possédons, le massacre des Banu Qurayza ne pourrait pas avoir eu lieu, puisque Muhammad, le chef de l'invasion de la Palestine, était vu comme un sauveur du peuple juif [18]. Cela semblerait indiquer que la rupture entre les musulmans et les Juifs a eu lieu après sa mort, et indiquerait que des histoires telles que le massacre des Banu Qurayza ont été fabriquées afin de "pré-dater" la rupture avec les Juifs à la vie même du prophète.

Voir également

Liens externes

Références

  1. Martin Lings Muhammad: His Life Based on the Earliest Sources Inner Traditions 2006, pages 222-223
  2. Ibn Hisham, Ibn Ishaq, Alfred Guillaume (traducteur), The life of Muhammad: a translation of Isḥāq's Sīrat rasūl Allāh Oxford Universite Press 2005, p.453
  3. Idem, 458
  4. Idem, 459
  5. Idem, 462
  6. Idem, 463
  7. Idem, 465
  8. Idem, 466
  9. Idem, 466
  10. "Did the Prophet commit genocide against Jews?" Faith in Allah There is no god but Allah and Muhammad is his messenger https://abuaminaelias.com/prophet-genocide-banu-qurayza/  8 Avril 2013
  11. Islam:A Short History Karen Armstrong Modern Library 2002
  12. "Muhammad’s atrocity against the Qurayza Jews" James M. Arlandson Answering Islam https://www.answering-islam.org/Authors/Arlandson/qurayza_jews.htm
  13. "Muhammad, the Qurayza Massacre, and PBS" Andrew Bostom The Legacy of Jihad 10 Juin 2012, Archivé https://www.webcitation.org/query?url=http://www.andrewbostom.org/loj//content/view/38/27/&date=2012-06-10
  14. "Extended Interview: The legacy of Islamic Antisemetism" Andrew Bostom andrewbostom.org  13 Juin 2008
  15. "New Light on the Story of Banu Qurayza and the Jews of Medina", W.N Arafat 2001 p. 100-107
  16. Muhammad and the Believers: At the Orgins of Islam, Fred Donner, Harvard University Press 2010, p. 72-73
  17. Hagarism: Making of the Islamic World, Patricia Crone and Michael Cook, Cambridge University Press 1977, p. 6-8
  18. The Death of a Prophet, Stephen Shoemaker, University of Pennsylvania Press 2012, p. 27-33